Sud-Ouest et autres territoires vinicoles
Bergerac et Monbazillac
Tous deux furent, dans le passé, des territoires vinicoles importants. Aujourd’hui, ils jouent plus qu’un rôle marginal. Les viticulteurs essaient néanmoins de reconquérir une partie du marché. Dès lors, ils tendent à produire ce qu’ils ont de meilleur. Leurs possibilités sont grandes. En effet, cinq types différents de vins peuvent être présentés: du rouge, du rosé, du blanc sec, du blanc sucré et du mousseux. Actuellement, de grands efforts sont déployés pour faire des vins blancs secs de Bergerac.
Jusqu’à présent, ceux-ci ne m’enthousiasment guère. Une maturation incontrôlée et un placement dans de vieux tonneaux de chêne ne concourent pas à l’obtention d’une qualité suffisante. De plus, les sortes de raisins sont trop nombreuses au sein des vignobles. Dès lors, comment pourrait-on fournir honorablement le vin sec, fruité et délicat demandé par la clientèle?
De plus en plus de viticulteurs ont conscience du problème. Ainsi, on fait un bon Bergerac blanc sec au Château Court les Muts, Château Le Mayne, Château Be- lingard, Château du Chayne, Château Panniseau et Château La Jaubertie. Monbazillac est toujours l’appellation propre à des vins blancs doux de la région, bien que ce type de vin soit aussi produit sous l’appellation Côtes de Bergerac. Selon l’année, le taux de botrytis, et une moisissure noble, la gamme des vins s’échelonne de moelleux à richement doux. Quelques bons vins blancs sucrés sont: Château Bellevue, Château La Brie et Château La Jaubertie.
Je trouve les vins rouges de Bergerac et environs très attrayants par leur légèreté, leur fruité et un arrière-goût souvent caractéristique.
Remarquons enfin qu’à l’intérieur du district, on compte un total de neuf appellations. Les plus importantes, Bergerac, Côtes-de-Bergerac, Bergerac Sec et Monbazillac occupent certes une position de tête mais ne négligeons pas pour autant les Côtes-Montravel, Montravel, Haut-Montravel, Rosette et le rare mais bon Pécharmant.
Côtes de Duras
Les vignobles de Duras directement contigus à la frontière-est de l’Entre-Deux- Mers ne se situent donc pas très loin à l’est de Bordeaux. Le nom de ce district vinicole a été emprunté à l’endroit le plus beau de ce territoire: Duras.
On ne trouve ici que 1.150 ha de pieds de vignes livrant environ 70.000 hl par an. La plus grande partie de cette production est constituée de vin blanc, rond et moelleux pour autant qu’il soit fait avec du sémillon et du muscadelle; ou, de plus en plus souvent, pur et sec s’il provient du sauvignon. Grâce à ce sauvignon, l’appellation Côtes de Duras pourra à l’avenir nous en mettre plein la vue… Il existe également un Côtes de Duras rouge de deux types: un vin dur, rustique et un vin léger, souple, élégant, fruité. La différence n’est pas due aux raisins utilisés (le cabernet-sauvignon, le cabernet franc, le merlot et le malbec) mais aux méthodes de vinification. Le premier cité est préparé d’une manière classique; l’autre subit une macération carbonique menée avec beaucoup de soin. Parmi les producteurs, la Cave Coopérative de Duras occupe la place de choix, tant du point de vue quantitatif que qualitatif.
Côtes du Marmandais
Marmande est une petite ville sur la Garonne, à 70 km au sud-ouest de Bordeaux. Nous trouvons ses vignobles principalement sur les parties légèrement inclinées de chaque côté de la vallée. Le vin possède, depuis 1955, le statut de vin délimité de qualité supérieure (VDQS). La plantation couvre 2.000 ha. Sur le versant droit, les pieds se trouvent sur un sol un peu gras et calcaire, semblable au sol de l’Entre-Deux-Mers. Sur le versant gauche, le sol s’apparente au Graves: silex, cailloux et sable avec un sous-sol de grès. La production consiste surtout en vin rouge, bien qu’on produise aussi du blanc et du rosé. La majeure partie de la production est l’œuvre de deux coopératives du territoire. La Cave Coopérative de Cocumont fournit de meilleurs vins que la Cave de Beaupuy. Le meilleur des marmandais provient d’un des rares domaines indépendants. Le père et le fils Boissonneau du Domaine des Geais situé à la frontière du district Saint- Martin-Petit font un merveilleux vin au fruité délicieux.
Cahors
A la même hauteur que Marmande, mais beaucoup plus à l’intérieur du pays, se trouve Cahors, vieille ville historique enclavée dans un méandre de la rivière: le Lot. Cahors est aussi le nom du territoire vinicole situé de chaque côté de ce cours d’eau, surtout à l’ouest de la ville. Auparavant, le Cahors était un vin populaire en France et au-delà. Vers 1870, la région comptait 60.000 pieds de vignes, nombre ô combien respectable… Puis ce fut la chute libre. Comme dans bien d’autres endroits, le phylloxéra, le mildiou et l’oïdium ont détruit presque entièrement les vignobles. Après la Seconde Guerre mondiale, une amélioration lente mais sûre s’amorça, en premier lieu via la création de la Cave Coopérative de Pamac dirigée de façon de maître. Même le violent contrecoup du gel de 1956 fut transformé bénéfiquement par la coopérative qui en profita pour planter de meilleures variétés de pieds de vignes. En 1971, Cahors reçut l’appellation contrôlée. De nos jours, on dénombre de nouveau plus de 2.000 ha de vignobles; des agrandissements sont en chantier.
Un Cahors rouge – il n’en existe pas d’autre! – peut être extraordinaire. Ce vin a souvent beaucoup de couleur, un goût compact, concentré et plus d’élégance que son nom ne le suggère et idéal pour tous types de gibiers mijotés. Selon moi, Château Chambert est de loin le meilleur, mais les Clos de Batuts, Château du Cayrou, Château Saint-Didier ainsi que quelques vins de la Cave Coopérative de Parnac doivent absolument être signalés aux amateurs.
Côtes de Buzet
A environ 100 km au sud-est de Bordeaux, juste à l’est d’Agen, capitale du pruneau, se trouve le district vinicole de Buzet, sis dans un paysage ondulé et vert, sur la rive gauche de la Garonne. 1000 ha sont actuellement en production, mais des extensions sont en cours. On y fait du blanc, du rouge et du rosé, bien que commercialement parlant, seul le rouge soit intéressant.
Presque tout le vin est fabriqué à la Cave Coopérative qui est à la base non seulement de l’octroi de l’appellation contrôlée, en 1973, mais encore de la bonne réputation que les vins de Buzet ont acquise. Ceux-ci ressemblent assez à ceux de Bordeaux, ce qui n’est pas étonnant quand on sait qu’ils sont faits avec du cabernet-sauvignon, du cabernet franc et du merlot. Grâce à cette coopérative et au succès de Buzet, quelques vignerons indépendants ont osé remettre sur pied de vieux domaines et refaire leur vin avec une réussite qui se confirme.
Côtes du Frontonnais
Il s’agit d’un domaine vinicole de 1.500 ha doté d’une appellation contrôlée. A partir de nombreuses espèces de raisins dont la plus importante est le négrette traditionnel, on fabrique ici un vin rouge qui possède une souplesse et un fruité agréables le rendant plus délicieux encore dans sa prime jeunesse. Les plus grands producteurs sont les deux coopératives et le Château Bellevue la Forêt.
Gaillac
La région vinicole autour de Gaillac figure certainement parmi les plus anciennes de France. Au Moyen Age, Gaillac était un fournisseur important de Bordeaux qui voulait ainsi donner à ses vins plus de couleur et de structure avant leur exportation. Peu de gens connaissent Gaillac. C’est pourtant un district proche d’Albi disposant d’une appellation contrôlée. La plus grande partie des vignobles se trouve à l’ouest de cette magnifique ville. A l’est, un territoire réduit s’en trouve détaché. Le district vinicole, florissant pendant des siècles, a décliné au cours de la seconde moitié du XIXe. Selon moi, on y fait trop de vins différents: du blanc doux, du sec, du rosé, un rouge ordinaire, un primeur et un mousseux blanc. Tous ou presque sont des vins de qualité médiocre. Disons qu’on trouve un seul bon Gaillac dans quasiment tous les types. Il est dû essentiellement à Jean Cros, un Gaillacois dans l’âme.
Madiran
Madiran, au nord de Pau et de Tarbes, vit au pied des derniers contreforts des Pyrénées. Très ancien territoire vinicole, il a été projeté dans l’oubli par l’inévitable phylloxéra. Depuis les quarante dernières années, la viticulture renaît vaillamment près de Madiran. L’appellation contrôlée compte aujourd’hui 800 ha. On voudrait l’étendre à 1.400! En 1950, il n’en restait que 50! Seul un madiran rouge y est fabriqué à partir de différentes espèces de raisins dont la plus importante est le tannat local. Les autres? Le cabernet franc, le sauvignon et le fer servadou.
Le Madiran est en général bon ou très bon pour son prix. Il a une couleur passablement foncée et un goût prononcé. Il est au mieux de sa maturation après deux ou trois ans de bouteille. Le meilleur Madiran est celui de Pierre Laplace qui fait aussi un excellent Pacherenc du Vic-Bilh.
Savoie
Les flancs des contreforts nord-ouest et ouest des Alpes ont aussi leurs vignobles. Dans cette partie la plus élevée de l’est du pays, 1.250 ha produisent annuellement 60.000 hl, dont 40.000 de blanc. Les vignobles se répartissent sur un territoire relativement étendu. Près de Genève, nous trouvons Crépy. Autour de Belley, nous rencontrons les vins de Bugey provenant des vignobles situés à l’ouest et au nord d’Aix-les-Bains, ainsi qu’au sud et sud-est de Chambéry. Avec Crépy, les vins de Chambéry jouissent de la meilleure réputation. Des noms bien connus: Apremont, Chignin et Montmélian. Ces vins ne sont que rarement diffusés chez nous. Ils sont bus sur place par les habitants et les touristes. En général, les vins blancs de Savoie se caractérisent par un goût pur, léger et teinté d’un acide frais.
Jura
Le Jura est un territoire vinicole long mais étroit sur les pentes ouest du… Jura, à 80 km à l’est de la ligne Beaune-Chalon. A l’origine, les vignes occupaient un espace plus vaste. Au milieu du XIXe siècle, elles couvraient 20.000 ha. Peu après, l’espace s’est dramatiquement réduit suite à l’action néfaste conjuguée du phylloxéra, de la guerre et de la crise économique. En 1936, il restait néanmoins 500 ha de vignobles. Durant cette même année, Arbois était classé premier vin français doté d’une appellation contrôlée. A Arbois, vit Henri Maire, l’homme qui a redoré le blason des vins du Jura à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. A côté de ce géant, de nombreux petits vignerons s’activent sur un total de 1.250 ha. Le Jura connaît quatre appellations. Outre l’Arbois, il y a les Côtes du Jura, l’Etoile et le Château Chalon, ainsi que plusieurs espèces de vin rouge, blanc ou rosé, vin de table, vin mousseux, vin de Paille (de raisins séchés) et un vin jaune, avec entre autre la plus fameuse appellation contrôlée de la région, soit le Château Chalon. En fait, il s’agit à proprement parler non pas d’un château mais d’un petit village entouré de vignobles. L’appellation dérive donc du nom de ce patelin. Château Chalon est, en principe, le meilleur vin jaune, un vin rare et cher qui a le goût du bon sherry sec bien que son taux d’alcool soit normal (12- 14%), idéalement marié avec quelques crustacés relevés, comme un homard préparé au vin jaune et aux chamignons.
Les vins du Jura, nous ne les rencontrons presque jamais en dehors de la région bien qu’Henri Maire ne soit pas tout à fait absent du marché international.
Haut-Poitou
Jadis, les vins du Haut-Poitou jouissaient d’une grande renommée internationale en tant que vins de La Rochelle, port à partir duquel ils étaient exportés. Nous trouvons les vignobles du Haut-Poitou entre la Loire riche en vin et le territoire du cognac près de Poitiers. Hélas, ce district a été détruit lui aussi par le phylloxéra. Avec la création de la Cave Coopérative de Neuville-de-Poitou, en 1948, une renaissance a pu être mise en œuvre. Cette coopérative traite la quasi-totalité de la récolte du district, soit 70.000 hl dont la majeure partie apparaît sur le marché en tant que vins du Haut-Poitou (VDQS) Le plus important? Le sauvignon. Il est pur, parfumé et délicieusement sec.
A côté de ce sauvignon, on fait, en moindre quantité, un bon chenin blanc, un pinot chardonnay, un gamay rouge ainsi qu’un rosé sec et fin issu de plusieurs espèces de raisins (dont le cabemet-sauvignon.)